« Un savoir social incorporé qui se sédimente dans le temps et façonne telle une seconde nature, l’identité tant individuelle que collective des membres d’un groupe humain qu’il s’agisse d’une famille, d’une entreprise ou d’une nation… »

Norbert Elias – la société des individus

Aujourd’hui, face à la multitude de crises et de questionnements sur les trajectoires à adopter pour rendre nos territoires plus résilients, il est important de se pencher sur l’histoire de nos collectivités afin de mieux imaginer l’avenir. Dans cet article, nous abordons les “habitus” propres à nos territoires, qui ont une influence sur leur identité individuelle et collective.

Nos territoires possèdent encore aujourd’hui, malgré la mondialisation et la croissance des échanges, des habitudes et une histoire économique propre qui leur permettent de se réinventer et de muter. Il est donc difficile de les comparer à d’autres territoires qui présentent des caractéristiques statistiques similaires sans prendre en compte une approche sensible et pulsionnelle de l’économie territoriale, analyser les acteurs locaux et les moteurs du développement.

En écho avec leur histoire économique, plusieurs territoires voient aujourd’hui ressurgir des filières qui avaient disparu au cours des siècles passés. Par exemple, le Pays de Landivisiau a connu une expansion économique grâce au développement de l’économie toilière à la fin du 14ème siècle, avec des usines de teillage, des filatures et des commerces de toile. Bien que cette filière ait pratiquement disparu au 18ème siècle, elle retrouve aujourd’hui son dynamisme avec l’installation de la Fédération “Lin et Chanvre en Bretagne” et la création de deux nouvelles usines de teillage.

Toutefois, la mémoire des lieux peut également constituer un frein au changement. En effet, le récit collectif autour du déclin des territoires ruraux et périurbains peut empêcher de percevoir la réalité du dynamisme économique et l’émergence de nouvelles filières. La Communauté de Communes de Cap Sizun Pointe du Raz en est un exemple, où les élus ont eu du mal à accepter le changement et l’émergence de nouvelles filières.

En conclusion, l’histoire économique de nos territoires est une source importante pour imaginer les filières de demain et engager un nouveau cycle de développement économique. Cependant, il est également important de ne pas se laisser enfermer par les habitudes et de rester ouvert aux changements pour garantir la résilience de nos territoires

« Alors que les causes immédiates cessent, les conséquences se prolongent »